HANNIBAL
PAYS :

ETATS-UNIS

Date de sortie : ........
GENRE :
POLICIER
ANNEE :
2001
DUREE :
02 H 05
REALISATEURS :
RIDLEY SCOTT
ACTEURS :

Anthony Hopkins, Julianne Moore, Gary Oldman, Ray Liotta, Giancarlo Giannini, Zeljko Ivanek, ...

RESUME DU FILM : Depuis leur confrontation, dix ans auparavant, Clarice Starling et Hannibal Lecter ne se sont jamais revus. Clarice a poursuivi sa carrière dans les rangs du FBI ; Hannibal s’est retiré à Florence où, sous le pseudonyme du docteur Fell, il donne des conférences sur l’art. Pourtant, il ne se passe pas de jour sans qu’ils pensent l’un à l’autre. Un autre homme pense à eux : le milliardaire Mason Verger, quatrième victime d’Hannibal et la seule à avoir survécu. Horriblement défiguré, il vit avec son médecin personnel, le docteur Cordell Doemling, dans son immense propriété où, depuis des années, il peaufine sa vengeance. Clarice reçoit donc une lettre signée d’Hannibal, ce qui l’incite à reprendre sa traque. Elle finit par le localiser à Florence, où un autre policier, l’inspecteur Pazzi, a lui aussi deviné que l’honorable docteur Fell est en réalité le fameux « Cannibale »........

INFOS : Le succès du SILENCE DES AGNEAUX (cinq Oscars et 273 millions de dollars de recettes) appelait une suite, mais il fallut d’abord attendre que soit publié (en juin 1999) le roman de Thomas Harris. Jonathan Demme s’étant désisté, Ridley Scott (alors sur le tournage de GLADIATOR) donna son accord. Jodie Foster fit également faux bond et Gillian Anderson, Cate Blanchett, Angelina Jolie et Hilary Swank furent envisagées, avant que Julianne Moore ne l’emportât. Harris accepta que la fin de son roman (où il évoquait une idylle cannibale entre Clarice et Hannibal) fût modifiée. David Mamet travailla brièvement à l’adaptation avant de passer le relais à Steven Zaillian. N’ayant pu obtenir que son nom soit cité à égalité avec ceux d’Hopkins et Moore, Gary Oldman exigea qu’il ne figurât ni sur les affiches, ni sur le générique de début.

DIX ANNEES DE GESTATION POUR ACCOUCHEMENT DELICAT : Après deux lustres et des atermoiements sans fin, on s'attendait un peu au pire : le roman de Thomas Harris qui n'en finissait plus de ne pas arriver, son étrillage critique dès sa parution en 1999, le scepticisme et l'abandon de l'oscarisé Jonathan Demme pour l'adaptation cinéma, suivi de celui d'une Jodie Foster jugeant le livre trop gore, puis, coup de grâce final, le retrait peureux d'un Anthony Hopkins prétextant que si ses anciens compagnons n'y allaient pas, fallait plus trop compter sur lui... il y a à peine un an, Silence des Agneaux II, sous-titre Hannibal, était alors mort. Mais l'entêtement... ou les millions de dollars en attente, bref : après un énième remaniement de script par Steven Zaillian, Ridley Scott accepte de s'atteler à la sequel. Ravissement : Anthony Hopkins se dit alors prêt à revêtir pour la seconde fois les oripeaux du cannibale, Julianne Moore est débauchée pour remplacer Foster, le projet repart... que ne ferait-on pas pour un grand réalisateur, des millions de fans et autant d'argent ?

Maintenant que le film est à l’affiche, ne décevons pas plus longtemps l’attente : HANNIBAL est un bon thriller de facture classique. On y retrouve de bout en bout la fameuse touche "esthétisante" de Ridley Scott, et on se laisse lentement porter au fil de décors superbes et oppressants sur une inquétante musique lorgnant vers le fantastique : l’ambiance y est, plombant le film, lui conférant une sorte de densité dans le sombre assez éprouvante, entre une Florence nocturne et les sous-sols des quartiers FBI de Quantico baignés de néons verdâtres. Dans cet univers au rythme lent, les acteurs tiennent parfaitement leur partition, de l’étonnante et adulte Julianne Moore (qui supplante avec brio les hésitations énervantes de la jeune Foster-Starling), au méconnaissable Gary Oldman, en passant par le flic florentin Giancarlo Giannini rongé par un passé aussi historique que sanglant... HANNIBAL, avec cette escorte de comédiens, peut s’aventurer en des contrées où personne n’a encore jamais porté le spectateur dans un film à fort potentiel commercial : des pics gore vraiment gore, et un final hallucinant, choquant ou grotesque, audacieux ou bêtement sanglant, au choix, mais extrêmement osé et dont on ne parlera donc pas plus.

LA FOIRE AUX MONSTRES . Mais l’aspect le plus intéressant d’HANNIBAL, lorsqu’on repousse une histoire assez maigre et, tout compte fait, bizarrement ficelée pour un film de ce calibre, réside dans sa représentation très particulière du Monstre. Si le film oppose deux différentes monstruosités (l’apparence de Verger / les tréfonds de Lecter), Ridley Scott ose une nouvelle fois, en filmant ces deux entités à part entière, en tant que réels personnages. Out ELEPHANT MAN, MASK ou FREDDY, qui nous offraient des monstres-personnages atténués par leurs histoires dramatiques ou la présence du fantastique : dans HANNIBAL, la défiguration de Verger fait partie intégrante du thriller et de son ambiance angoissante. Verger a de l’importance (c’est le méchant !), il est donc traité comme tel, et se succèdent les gros-plans lumineux de son visage horrifique particulièrement bien maquillé. En quelque sorte, il est le héros du film. A l’inverse, Lecter, beaucoup moins inquiétant que dans LE SILENCE DES AGNEAUX, traîne un regard froid sans réelle accroche, qu’il transcende par une violence soudaine in concreto. C’est justement là que le bât blesse : même si une floppée de fans iront certainement lui trouver un aspect indéniablement génial, Hannibal Hopkins semble vidé dans cet opus, comme absent, et à l’inverse d’un Verger qui disparaît trop vite, il ne suffit pas de le voir pour éprouver un frisson (en témoigne la présence des scènes gores). Attendons donc le troisième volet, et espérons y trouver un Lecter à l’aura plus trouble et à l’attitude plus provocatrice, surtout moins empêtré dans un rôle semi-romantique qui ne sied pas au cynisme fondamental de ce personnage...


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